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Mardi de la Chaire IESO - Google versus La Ruche qui dit oui. Enjeux et perspectives de la transformation digitale
Intervention d'Henri Isaac, Maître de conférences, Chargé de mission Transformation Numérique, Université Paris-Dauphine, le 26 Novembre 2014
La treizième session du Club des Mardis de la Chaire IESO a eu le 26 Novembre 2014. Henri Isaac, Maître de conférences, Chargé de mission Transformation Numérique à l'Université Paris-Dauphine, est intervenu sur le thème "Google versus La Ruche qui dit oui. Enjeux et perspectives de la transformation digitale".
Dans un monde confronté à une connectivité croissante des personnes et des objets, les deux sociétés Google et La Ruche qui dit oui représentent deux modèles différents de la transformation digitale. En effet, La Ruche qui dit oui est une entreprise française permettant à des communautés de consommateurs d’acheter à des producteurs grâce à l’utilisation d’une plateforme de vente en ligne. À l’inverse de Google, service centralisé, le modèle économique de ce service est donc fondé sur les principes du circuit court, de proximité des achats et de la décentralisation de la gestion. De plus, cette jeune entreprise fonde son succès sur un mouvement ascendant (la multitude) puisque ce sont les ruches (les indépendants qui assurent la distribution localement), qui permettent à la société, de fonctionner et de se développer. Ainsi, à travers des valeurs essentielles et importantes aux yeux de l’entreprise, La Ruche qui dit oui est un exemple de plateforme locale qui mise sur la complémentarité du réel et du digital.
A l’inverse, Google, vise une domination mondiale au travers de la digitalisation. Créée en 1998 avec pour activité son moteur de recherche, Google est devenu très rapidement un acteur incontournable de notre société moderne, son but étant d’apporter des réponses toujours plus pertinentes aux questions des internautes. La stratégie du groupe s’appuie sur de multiples fusions et acquisitions, lui permettant d’étendre son périmètre d’action à trois sphères économiques : l’intelligence artificielle (données et connaissances : Google Maps, Google Car, Google Scholar, …) les biotechnologies (Google Glass, Calico – entreprise créée par Google dont le but est de lutter contre le vieillissement, Google Genomics – banque mondiale de gènes, …) et l’industrie de la défense (Boston dynamics – entreprise robotique, Google X, Google Ideas).
Néanmoins, Google est bien plus qu’une entreprise avec un strict rôle économique. En effet, le groupe finance de nombreux projets de recherche et vise notamment, grâce à son projet transhumaniste, à augmenter l’Homme pour l’améliorer à travers l’utilisation de la puissance de l’informatique. Dans ce champ, Google développe ses recherches à la croisée de quatre champs : les nano-technologies (atomes), les bio-technologies (gènes), l’information (bits) et la cognition (neurones).
Ainsi, la transformation digitale génère deux modèles économiques différents. D’une part, les « One Billion $ Platforms » (M. Zuckerberg) représentés par les géants Google, Alibaba, China Mobile, Facebook ou Apple ; d’autre part, les plateformes locales et régionales comme La Ruche qui dit oui, Meet-Up, Le Bon Coin, Etsy ou MyLittleMarket. Il est impossible de prédire quel sera le modèle gagnant. En effet, même si les groupes multinationaux ont la capacité d’être des leaders mondiaux incontestables et incontestés actuellement sur de nombreux domaines, leur éloignement des consommateurs génère des difficultés à maintenir la confiance des utilisateurs, qui pourraient préférer le retour au local et à la proximité pour réenchanter le réel.