Posté le 30/11/2016

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La vingt-et-unième session du Club des Mardis de la Chaire IESO a eu lieu le 22 novembre 2016. Thierry Rayna, Professeur d’Economie et Innovation à Novancia Business School Paris, est intervenu sur le thème "Impression 3D : quel impact sur les modèles d’affaires ?".

Souvent présentée comme une technologie de rupture majeure, l’impression 3D a indéniablement un fort potentiel transformationnel. Au-delà de son impact sur l’innovation, l’industrialisation, l’entrepreneuriat ou le développement durable, l’impression 3D, est également un facteur de bouleversements des modèles d’affaires.

Si l’impression 3D n’est pas une technologie récente, l’engouement actuel s’explique par les progrès forts en termes de matériaux et de maîtrise des coûts. Toutefois, force est de constater qu’elle n’est à ce jour utilisée à grande échelle que dans certains secteurs. Même si le nombre d’entreprises utilisatrices de l’impression 3D augmente de jour en jour, les changements majeurs annoncés (on a parlé notamment de « 3e révolution industrielle ») tardent à être visibles.

Il convient ainsi de s’interroger sur les usages, au-delà de la technologie. Actuellement, l’impression 3D sert principalement au prototypage et à l’outillage rapides ; elle n’a qu’un impact relativement mineur sur les « business models ». En revanche, la fabrication directe et la fabrication locale ou à domicile, usages peu fréquents de nos jours, vont probablement complètement bouleverser les modèles d’affaires existants. Ils permettent une création de valeur bien plus forte, en favorisant la personnalisation de masse, le crowdsourcing et l’innovation utilisateur.

Le revers de la médaille est que la valeur ainsi créée est bien plus difficile à capturer. Si l’impression 3D comme moyen de production devient répandue, qu’empêcherait un piratage généralisé, tel qu’on a pu l’observer pour la musique et les films notamment ? Si de nombreux droits de propriété industrielle couvrent les objets physiques, il est assez illusoire de penser que la réponse à cette question est d’ordre juridique uniquement. Ainsi, au-delà du recours juridique, c’est bel et bien la capture de valeur elle-même qu’il faut repenser. Le réseau de valeur devenant beaucoup plus large, l’entreprise se trouve placée au centre d’un écosystème — elle devient souvent de fait une plateforme — qu’il convient de gérer.

Enfin, au-delà des qualités intrinsèques de l’impression 3D, il convient de s’interroger sur le bien-fondé de son utilisation. Si l’on peut déjà pratiquement tout fabriquer au moyen de cette technologie, il en demeure néanmoins qu’elle reste (et restera encore pendant de nombreuses années) plus coûteuse que les technologies de fabrication traditionnelles. Il faut donc bien trouver des sources de création de valeur supplémentaires afin de justifier son utilisation. C’est en fait l’intégration de l’impression 3D avec d’autres technologies émergentes (biomimétique, objets connectés, « Big Data », etc.) qui permettra enfin à cette forme de création / fabrication de se généraliser.

Cliquez ici pour accéder à une interview vidéo de Thierry Rayna sur cette thématique.